Les mégaprojets annoncés par les différents gouvernements post-révolution tardent à voir le jour dans la région du nord-ouest où la population est en voie de perdre patience face aux retards constatés dans la concrétisation de nombre de projets décidés en faveur de cette région, restée exclue du développement.
Si l’on regarde de près certaines des promesses faites par le gouvernement de la Troïka, on peut dire qu’elles n’ont point été tenues et elles n’ont fait que nourrir chez la population un sentiment de frustration et de dépit.
En tête des mégaprojets annoncés en 2012, on trouve le projet de création d’une ville industrielle à Sakiet Sidi Youssef qui devait, de l’avis du ministre de l’Industrie de l’époque, Mohamed Lamine Chakhari, générer 20 mille emplois directs. De quoi éradiquer totalement le chômage dans tout le gouvernorat du Kef et même offrir des opportunités d’emploi aux habitants des gouvernorats avoisinants. La maquette du projet présentée à l’occasion de la célébration du 54e anniversaire des évènements tragiques de Sakiet Sidi Youssef avait fait miroiter chez la population le sentiment de la fin proche de leur attente. Depuis, les citoyens, résignés et la mort dans l’âme, ont fini par perdre l’espoir de voir ce projet prendre le chemin de la réalisation,
Idem pour l’autre projet industriel et minier, en l’occurrence celui de Sra Ouertane relatif à l’extraction et au traitement du phosphate. Mis en veilleuse, le gouvernement a même pris l’option portant actualisation de l’étude de faisabilité du projet.
Un important potentiel à valoriser
Aujourd’hui, le projet nécessite selon la direction qui pilote le projet, entre trois à quatre milliards de dinars. Ce qui parait impossible à réaliser par la Tunisie actuellement, eu égard à l’ampleur des investissements requis, surtout que d’autres complications sont venues rajouter de l’huile sur ces entraves, à savoir la recherche de grandes quantités d’eau nécessaires au traitement du minerai, et le règlement des questions environnementales que le projet peut poser.
Selon des experts dans le domaine, le gisement de Sra Ouertane dispose de plus de 2,5 milliards de tonnes prouvées et 10 milliards de tonnes potentielles, ce qui pourrait permettre d’étaler l’activité minière sur ce site sur une période de plusieurs dizaines d’années, De quoi favoriser un marché d’emploi durable dans la région et, par ricochet, créer une dynamique socioéconomique.
l’autre manquement constaté, concerne la création de la zone de libre-échange entre la Tunisie et l’Algérie à Sakiet Sidi Youssef et à Kalaat Senan . Ce projet aurait été tout bonnement abandonné pour plusieurs raisons dont le manque de concertation et d’accord avec la partie algérienne, privant la région d’un atout de développement important.
La bonne nouvelle pourrait venir; cependant, de la décision du ministère de l’Industrie et de l’énergie de mettre en œuvre les travaux d’aménagement de la zone industrielle du Sers et l’achèvement des travaux d’aménagement de la zone industrielle de oued Rmel, non loin du Kef, qui a accusé d’importants retards en raison de problèmes d’insécurité. Le ministère a même pris des mesures pour accélérer le raccordement des quatre unités industrielles fraichement implantées dans cette zone industrielle en électricité et en eau potable ainsi que leur raccordement au réseau de l’ONAS. La fin des travaux d’’aménagement de toute la zone étant prévue au plus tard au début de la période estivale 2015.
Pour le secteur agricole, il convient de relever les retards enregistrés au niveau du projet d’électrification des 1200 puits de surface décidés par le gouvernement de Hamadi Jbali. La STEG a beau engager des études techniques pour accroitre la capacité d’alimentation des zones ciblées en créant une autoroute énergétique capable de répondre aux besoins des agriculteurs pratiquant les cultures irriguées, néanmoins le projet tarde encore à voir le jour et les agriculteurs attendent toujours que le gouvernement tienne les engagements pris. Les habitants n’ont tout de même pas perdu totalement l’espoir de voir le prochain gouvernement répondre à leurs attentes mais demeurent sceptiques quant à la possibilité de voir leurs rêves exaucés.
J.T